Voici venue la Renaissance. Avec les voyages de Colomb, la vision du monde a changé et de nouveaux échanges commerciaux s'établissent. On diffuse mieux l'information tout en redécouvrant la culture antique. Comment cette période fut vécue chez nous...
Un grand changement s'opère dès la fin du XVe siècle, c'estune premi_re apparition de la commende qui voudrait que les abbés ne soient plus élus par leurs pairs mais par le roi.
19 Mai 1493, à la prière de Jacques
d'Amboise Abbé de Cluni & de Jumiège,
l'on ouvrit la châsse de S. Filibert, à Tournus.
On en tira une côte & une partie des
machoires pour les adresser à Jumieges. C'est du
moins ce que précise une charte.
1497 : Louis Picard dispute au religieux de
Jumièges le passage de Courval-sur-Seine et menace de
brûler leur bateau. Picard est seigneur de Bourg-Achard,
chambellan de Louis XII, député aux Etats de
Normandie.
1498 :
Pierre Avril succède au professeur de grammaire
à l’école de Jumièges pour
former les jeunes religieux. Les élèves sont
pensionnaires, disposent d’une maison de campagne.
Théologie et droit canonique s’étudient
à Paris.
Vers 1500 on fait, le jour de la
Saint-Pétronille, la fête aux vieilles.
Il en vient jusqu’à cent à qui
l’on offre la soupe du pain, deux œufs, du poisson,
généralement une feinte, une bouteille de
bière ou une pinte de Conihout.
1501, le bénéficiaire du fief au
porcher, dit encore porquier, garde encore les porcs du cuisinier.
Selon les jours, les fêtes, il en tire tantôt des
mets de pois, tantôt du hareng, un quartier de porc, du
mouton, du pain, du vin… On le régalait encore
pendant la paisson, autrement dit le temps de la
pâture en forêt, le panage. Un pourceau
était dépecé en cuisine, il en gardait
toutes les couardes de trois joints
d’eschine. Le jour de la Saint Michel, il devait une géline,
une poule au manoir d’Agnès. Il avait alors le
choix entre un boisseau de faine, le fruit du
hêtre qui engraisse les pourceaux, ou deux
d’avoine. Le porquier avait son cochon à lui,
nourri avec les autres dans la porcherie du cuisinier. Mais le
titulaire renonce à tout cela en cette année 1501
contre 30 sols de rente annuelle.
1501 toujours, Pierre Cauvin est titulaire du fief du
lavandier. 18 acres sis à Jumièges. Il exigeait
des religieux cuves, paille, baquets, gateaulx, trevet,
le carrier, toile qui se place entre la
cendre et le linge dans la cuve, le sac à porter le linge,
deux seilles de bois à porter l’eau, un batteur
à lessive, toutes les cendres de la cuisine, de la
pitancerie, de l’infirmerie et du dortoir ainsi que tout le
bois nécessaire à la besogne. En contrepartie, on
lui donnait aussi du pain, de la boisson, des deniers pour faire ses
offrandes, un pain de couvent et un pain de boisson chaque fois que
l’on apportait le linge blanc et aussi des mets de pois, de
la chair fraîche et salée, du mouton, trois
chopines de cervoise… Cauvin réclamait aussi
exemption de taille de bois, de coutume de guet dans tous les ports et
passagers où les religieux étaient francs, de
panage. Les religieux s’exonérèrent de
toutes ces livraisons contre 12 livres par an. On maintint la
fourniture des principaux objets de la lessive.
1503 : la vicomté de l’eau
veut encore faire payer des droits au vin des moines quand il passe
à Rouen. Sans succès.
Georges
d’Amboise, archevêque de Rouen, vint à
cette époque visiter son frère. Il y resta huit
jours et empocha 100 sols. Jacques le raccompagna à Rouen et
revint passer ici le carême. On le vit laver les pieds de
treize pauvres à qui il donna 13 deniers et une paire de
souliers. La communauté pratiqua le lavement à 80
pauvres et donna 3 deniers à chacun.
1504 : Jacques d’Amboise
gagne contre le sieur de Berville qui prétend depuis douze
ans disposer du droit de pêche sur les deux rives de la Seine
au niveau de son fief.
15 mars 1505, d’Amboise est nommé à Clermont. Il donne l’abbaye à François-Guillaume de Castelnau de Clermont-Lodève, archevêque de Narbonne, 64e abbé. Il nous vint le 8 novembre. Clermont allait offrir un calice qui servira jusqu’au bout aux cérémonies solennelles. Mais il fait aussi réparer la cohue qui est encore plantée dans le bourg de Jumièges. C’est là que se rend la justice seigneuriale. Plus tard, elle sera transférée à Duclair.
1507 : aveu pour le fief Hersant, à
Yainville, d’une contenance de 4 acres et demi. Le tenancier
doit passer l’araire dans une vergée de terre du
manoir de la Lieue à la saison de l’orge, puis
faucher, fener et charrier jusqu’au fenil du
monastère. Là, il fournira au
cellérier 3 deniers à la Saint Jean, un
à la mi-carême, trois à la Saint
André, douze à Noël, douze et une
géline.
10 janvier 1509, un arrêt rendu
à Messieurs les religieux pour Michel Boutard fils du
dèfunt Pierre, héritiers de Richard dit Machon et
Robert dit Levindel confirme l'entretien du fossé courant
nommé Le Neuf aboutissant d'un bout aux commune pastures et
à l'autre bout à la riviére de seine.
Le relâchement est revenu à l’abbaye. La réforme de Clermont n’y fait rien. On ne le revit plus jamais à Jumièges. Si ce n’est une fois pour tenter de résoudre un imbroglio administratif. Sa démission a dû intervenir vers 1510...
1510 env. Philippe de Luxembourg, 65e abbé, reprend l’abbaye à 64 ans. Il interdit les sorties d’officiers à cheval, désigne trois religieux pour défendre l’abbaye dans toute juridiction. Ce qui divise la communauté. Les officiers sont ainsi privés de leurs prérogatives.
1515. Après un an d’absence, Luxembourg découvre l’anarchie à l’abbaye. Son seul remède : faire venir une vingtaine de Cazalistes. Les anciens ne sont pas pressés d'accueillir leurs confrères de la congrégation de Chazal-Benoît qui, à Bourges, a donné le signal voici bientôt 30 ans d’une réforme dans les abbayes bénédictines. Ceux-ci stationnent d'abord de l'autre côté de l'eau, à Hauville, au début de la Sexagésime 1515. Le 1er lundi de Carême, on les introduit par ruse dans l'abbaye pour les dissimuler à l'intérieur du pressoir, près de l’église. Pendant que les moines traditionnalistes sont encore à table, les Cazalistes investissent le chœur à l'heure des Vêpres. L’un deux et entonne le Deus in adjutorium quand arrivent les anciens. Vives protestations. Tant de tumulte interrompt tout net l’office. Luxembourg tente de calmer les esprits en lisant une permission de la cour. Il croit pouvoir s’assurer le soutien de dix moines de la communauté. Mais devant un tel chahut, les dix se ravisent. On finit par chanter les vêpres.
1516. La querelle reprit bientôt. Luxembourg risquait d’être débordé. Le parlement de Normandie vint à son secours pour réprimer les rebelles, déclarer la réforme chezaliste destinée à ramener l'ordre dans le manastère. L’abbé retarda le moment d’aller prêter serment à François 1er. Ce fut le 28 avril 1516. Les réformés commencèrent à occuper les chambres qu’on leur avait fait construire sur le réfectoire. Dans le même temps, on commença un nouveau dortoir au midi de l’église Saint-Pierre. Pour en faire l’escalier, on abattit la chapelle des Innocents. Deux communautés cohabitaient à Jumièges. Les anciens refusant à renoncer aux plaisirs du monde. Les nouveaux drapés dans des vertus d’ascètes. Alors les truculents moines quittèrent un à un Jumièges, qui dans un prieuré, qui dans sa famille… Les Cazalistes demeurèrent les seuls hôtes de Jumièges. Non sans que les partants n’aient ligué quelques brigands pour venir insulter leurs vertueux confrères. Le Parlement condamna au fouet les larrons.
Luxembourg fit constuire un vaste dortoir au midi de Notre-Dame.
1517. Dans un but militaire et commercial, François 1er fonde le port du Havre de Grâce, d'abord appelé Franciscopolis.
1518.
Jean Durand 66e abbé. (image
ci-contre)
1519, le bailli de Rouen condamne
quelques paysans pour avoir osé abattre des chênes
en forêt.
Le portier de l’abbaye est alors Cardin Ouyn. Le 24 mars, il renonce pour lui et sa descendance, à un service contre une rente. Celui de garder, d’ouvrir et de fermer de jour comme de nuit la porte de l’hôtel et de l’abbaye. Je suppose qu’il ne garda que sa fonction diurne.
Les droits du bacVoici un nouvel abbé, François de Fontenay. Qui restaure, qui construit... C'est à lui que l'on doit le mur qui enclôt l'immense cimetière de Jumièges.
28 mars 1520, il publia un aveu sur les droits
perçus au bac de Jumièges. "Auquel
passage prenons les prouffilz et coustumes qui ensuivent, c'est
asscavoir : ung homme a pied passant ladicte rivière, nag
marquen portant les denrées a son col, pour une beste au
male, est deub pour chacun ung denier ; ung homme et cheval a selle,
ung feron a cheval chargé de fer, ung cheval
chargé d'huille, une somme de grain, de pain, ung asne, ung
cacheur de marée, doivent pour chacune trois deniers ; pour
ung fardeau cordé a cheval, soit laine ou toille ou
mercerie, pour chacun quatre deniers, et, s'il n'est cordé,
il ne doibt que deux deniers ; ung mercier portant ses
denrées a col, deux deniers ; ung basteleur, cinq deniers ;
pour une charette vuide ou chargée de grain, de vin, de
harenc, nous est deub pour chacune douze deniers ; pour ung chariot
vuide ou chargé de vin, de grain, de harenc, une charette
chargée de cuir, de toille, de garences, de fer, de torde,
doibt pour chacun deux sols ; pour ung chariot chargé de
cuir, de toille, garences, de fer, de torde, pour chacun quatre sols
tournois ; pour ung cent de porçeaux, trois sols quatre
deniers tournois et a l'equipollent au dessoubz ; pour ung cent de
brebis vingt cinq deniers tournois ; et ainsy de toutes autres
marchandises... » (Archives de la
Seine-Inférieure, fonds de l'abbaye de Jumièges,
cartulaire provisoirement coté G, p. 6).
En 1520, dans la forêt de Bretonne, à la
Mailleraye,
existait une maison, qui s'était
spécialisée dans l'art, du chapelet.
Son propriétaire, un nommé Antoine Delisle y
fabriquait des perles,
globules blancs et polychromes pour la confection des chapelets.
1524, les religieux voulurent relever les fossés clôturant le bois du Homme. Or tous les habitant de la péninsule y ont droit de pâture. Ils se soulèvent. Et sont condamnés. En 1524, il restait encore quatre queux fieffés à l’abbaye. | Entre 1524 et 1540, sur 115 navires armés à Rouen, seize sont de Jumièges et l'un d'eux, en 1542, part avec Roberval à destination du Canada... |
1525 François de Fontenay 67e abbé.
Il offrira
à l'abbaye quatorze calices vermeil et fera construire le
cloître. Il fera faire des réparations aux tours,
à
l'église Notre-Dame, aux voûtes du chœur.
1527. Une puissante abbaye, comme celle de
Jumièges, comptait d'après un aveu rendu en 1527 par François de Fontenay, trente
manoirs ou prieurés Dans sa tentative d'identification, Dom
Laporte ne signale que les colombiers de Genainville et de Guiseniers
comme existant encore.
1539.
Hippolytre d'Estre 68e abbé. (Image ci-contre).
Le
régime de la commende va s'installer
définitivement
à l'abbaye avec ses travers. Les revenus de l'abbaye sont
séparés en deux manses. La manse abbatiale qui va
à l'usage privé de l'abbé, la manse
conventuelle
qui reste à aux moines et au fonctionnement du
monastère.
Ce sera un facteur d'apauvrissement progressif...
A cette date, il
devient obligatoire de consigner les actes de baptême,
naissance, décès. Mais des volumes ont disparu et
dans les plus anciens, les parents ne sont pas notés. Il ne
m'est pas encore possible d'établir une solide filiation
dès le XVIe siècle. Mais mes ancêtres
sont à coup sûr dans les noms qui
suivent…
18
novembre 1549,
Marguerite Mainberte épouse Laurent Auvard. 1549,
c'est
aussi l'année où Gabril Le Venneur devient 59e
abbé.
5 novembre 1552, le bailli de Rouen proscrit le
privilège du sacristain qui consiste à
prélever le tiers du mobilier d'un défunt et son
meilleur habit sur les paroisses de la péninsule
à l'exclusion de Yainville. Les habitants se sont toujours
acquittés de la taxe. Mais là, il n’en
veulent plus. L’office de sacristain consiste à
ouvrir et fermer les portes de l’église, exposer
et garder en lieu sûr l’argenterie, astiquer les
ornements. Il perçoit pour cela de beaux
émoluments. La sentence du bailli casse celle du
sénéchal de l’abbaye et
défend aux religieux de traduire devant leur juge les
paroissiens récalcitrants. Les moines auraient pu contester
cette injonction. Le caractère immémorial de ce
droit a été réaffirmé le 15
septembre 1407 quand l’abbé Dubosc transige avec
un maître d’école de Jumièges
pour le droit mortuaire de son père et mère. En
1462, le compte de Pont-Audemer fait remonter ce droit à la
fondation de l’abbaye.
19 novembre 1554, Marin Mainberte épouse
Marion, veuve de Roger Augueroult.
1555, mandatés par le Pape, deux
chanoines nous viennent de Rouen pour tenter de régler le
litige entre moines et paroissiens concernant le droit mortuaire.
Dès lors, le sacristain se contentera de ce dont on voudra
bien lui offrir.
1557, mes ancêtres voient l'abbaye changer de
profil. La grosse tour lanterne menace ruine. Plutôt que
d'entreprendre les réparations, l'abbé Le Veneur
parvient à convaincre la communauté: la haute
tour du plomb est abattue. Et vendue. Le Veneur éblouit les
religieux en leur offrant un tapis de Turquie. Mais où est
passé le reste de la somme? Conflit.
1557.
Voilà
déjà une trentaine d’années
que les marins de Jumièges fréquentent le banc de
Terre-Neuve. En septembre 1557,
c’est l’émoi dans la
presqu’île. Nicolas Boutard, le patron de la Barbe,
180 tonneaux et ses compagnons sont pris par des navires flamands de
retour du grand banc. Certains sont retenus prisonniers depuis le 7
août sur l’île de Flessingue.
D’autres viennent témoigner. Guillaume Lebourg
avance l’argent de la rançon, Jehan Videcoq, du
Havre, se porte caution.
1558.
Mon ancêtre, Jean Mainberte, participa à cette
épopée. Je ne pense pas qu’il
s’improvisa Terre-Neuva et maître de navire de
surcroît du jour au lendemain. Sans doute participa-t-il
à quelques campagnes en tant que marin-pêcheur.
Toujours est-il qu’on le retrouve maître de la
Marie en 1558. Un bateau de 90 tonneaux qui, lui aussi, est
capturé sur la route du retour. Le tabellionnage de Rouen
porte cette mention à la date du 28 mars: « Attestation
faite par Soyer Havart et Robert Havart et Nicolas Dutallus
à propos d'Alonce Le Seigneur, bourgeois et avitailleur pour
un demi-quart sur la Barbe, 120 tx, maître Raoulin Lecomte,
de Vatteville et pour un quart sur la Marie, 90 tonneaux,
maître Jehan Mainberthe; les deux navires ont
été pris à leur retour de
Terre-Neuve. »
1559.
Jehan Mainberte possède manifestement toutes
les parts du navire l’année suivante
lorsqu’il en vend un quart à deux acheteurs. La
Marie semble mouiller à Fécamp. 22 septembre 1559.
« Vente faite à Jacques Dufour le jeune
par Jehan Mainberte, de Jumièges, maître et
bourgeois pour trois quarts sur la Marie, 90 tx, de un quart du corps
du navire à Fécamp. Ce quart avait
été vendu à Mainberte par
Pierre Lasseley et Pierre Lenffant, de Fécamp. ».
28 novembre 1561, on le dit « maître
et bourgeois pour la moitié d'un navire neuf de 80 tonneaux,
à Jumièges. »
Il donne
quittance à Pierre Lefebvre, « bourgeois
pour un demi-quart en la moitié de
Mainberte. »
4 mai 1562, Robin Mainberthe
épouse Marguerite Clérel, descendante de
Guillaume Clérel, combattant d'Hastings selon la
tradition.
Quatre
jours plus tard, partis de Caudebec, les Huguenots viennent piller
l'abbaye vide et la contrée. Les religieux avaient
enterré une partie de leurs biens dans le courtil sud. Mais
les Protestants reviendront le 2 juillet. "Tout fut mis rien
à rien..." Ils emportèrent jusqu'au
plomb des toitures en passant par le reliquaire contenant le chef de
Valentin estimé à 25.000 livres. La
tête de notre saint patron retrouva un coffret de bois.
4 juillet 1563, Thomas Mainberthe épouse Alison
Ponty. Joli prénom à consonance britannique
porté dans la presqu'île. Le 2 août,
Charles IX arrive à Jumièges et demande aux
religieux de lui désigner les maisons où
pourraient être cachés des objets
pillés à l'abbaye.
16
février 1565. « Prêt
fait par Pierre Laillet à Jehan Mainverte, de
Jumièges, maître et bourgeois pour trois
demi-quarts sur la Vallentyne, 80 tx, pour les radoub et avitaillement
du navire prêt à aller du Havre à la
Baie ou à Brouage prendre son sel, puis à
Terre-Neuve sur le Banc pêcher la morue, et revenir au
Havre. »
6
juillet 1566. Pierre
Marc, marchand, demeurant en la paroisse de
Sainte-Marguerite-sur-Duclair en Normandie, en son nom et au nom
d'Antoinette Bélin, sa femme : donation à Robert
Regnier,
procureur au Châtelet, de leurs droits en la succession de
Jean
Bélin, conseiller du Roi à Rouen, leur
beau-père
et père.
9 mars 1568. « Prêt
fait par Raoul Halley à Michel du Vallet dit Dorer, de
Quillebeuf, bourgeois pour la moitié sur la Bonnaventure, 60
tx, maître Valentin Mainberthe, de Jumièges, pour
les radoub et avitaillement du navire prêt à aller
de Quillebeuf à la Baie ou à Brouage prendre son
sel, puis à Terre-Neuve pêcher la morue, et
revenir à Rouen. »
On
pend le receveur de l’abbaye ! En 1570, il fut fait une mesure
étalon en bronze pour le marché de Duclair. Sous
les halles, le receveur de l’abbaye trichait en utilisant une
fausse mesure. Il fut pendu. Son nom : Cardin Capperon. Une
fille du nom de Marion Capperon se maria à
Jumièges en 1572 à Adrien Picquot. |
L’année suivante, la Bonnaventure a pris ses quartiers à Jumièges.
19
février 1569.
« Prêt fait par Raoul Hallé
à Michel Du Vallet, de Quillebeuf, bourgeois pour la
moitié de la Bonavanture, 60 tx, maître Valentin
Mainberte, de Jumièges, pour les radoub et avitaillement du
navire prêt à aller de Jumièges
à la Baie ou à Brouage prendre son sel, puis
à Terre-Neuve pêcher la morue, et revenir
à Rouen. »
23
février 1572 :
« Prêt fait par Raoul Halle à
Georges Duvallet, de Quillebeuf, bourgeois pour la moitié de
la Bonnavanture, 70 tx, maître Vallentin Mainberthe, de
Jumièges, pour les radoub et avitaillement du navire
prêt à aller de Jumièges à
Brouage prendre son sel, puis à Terre-Neuve sur le Banc
pêcher la morue, et revenir au Havre ou à Rouen.
Jehan Faulcques, de Quillebeuf, a
cautionné. »
13 janvier 1573 eut lieu un triple mariage de Mainberte.
Ce jour-là, Jeanne épouse François
Monhue, autre Jeanne convole avec Guillaume Vigot et Marin Mainberte
avec Guillemine Neveu.
18 janvier 1573, Pierre Mainberte épouse
Françoise Luchet.
6 avril 1573, Perrine Mainberte épouse Cardin
François. Cette année-là, le
sacristain cessa de recevoir de loin en loin des dons à
chaque décès d’un paroissien. Si ce
n’est de la part des familles
d’étrangers surpris par la mort dans les communes
de Jumièges et du Mesnil, de marins disparus sur la
rivière entre la Mailleraye et le Mesnil.

10 octobre 1575, Thomas Mainberte, terre-neuva lui aussi
et maître de navire, prend pour épouse une
prénommée Bine dont on ignore le patronyme. La
même année, le dimanche 6 novembre 1575, les
notables de Jumièges s'assemblèrent à
l'issue de la grand messe pour faire valoir leurs droits face aux
religieux dans l'affaire du
Homme. .
Quatre Mainberte sont du nombre: Thomas et Valentin
Mainberte, Pierre et Marin Mainberte. Nous venons de les voir se marier
ou se remarier. Voilà qui signifie que lorsque nos marins
ont bouclé leur campagne, ils
bénéficient à Jumièges du
statut de notable et s’impliquent dans les
intérêts agricoles de leur communauté.
9
décembre 1575 .
« Reconnaissance de dette faite par Guillaume
Nyvelet, maître de navire de Conihoult, envers Jacques
Guendeville et Davyd Maugogne. Jacques Ouyn dit Portier et Thoumas
Mainberte, maîtres de navire de Jumièges, ont
cautionné. » Nyvelet est maître
de la Loyse qui est allée à Terre-Neuve en 1574
et en 1576.
6 octobre 1576 :
« Procuration faite par les bourgeois et
avitailleurs de la Loise, 90 tx, maître Guilleume Nyvelet, de
Jumièges, en faveur de Thoumas Mainberthe, de
Jumièges et Jacques Pinchon, pour
récupérer le navire et sa cargaison de morue,
huile et naut
(NB : vessie
à l'air du poisson) chargée
à Terre-Neuve sur le Banc. Le navire a
été pris par les Anglais sur la route du retour
de Terre-Neuve au Havre ou à Honfleur ».
3 avril 1579, les notables de la paroisse du Mesnil se
réunirent à leur tour sur l’affaire du
Homme. Pierre Mainberte y figure. La même année,
le 9 juin 1579, Jehan Mainberte épouse Perrine Lacheux.
Veuve, celle-ci convolera en secondes noces avec Thomas Grisel, le 4
octobre 1584.
Bref,
ces années nous apprennent que nous avons cinq hommes au
moins à porter le nom des Mainberte: Thomas, Valentin,
Pierre, Marin et Jean. Reste à déterminer leur
degré de parenté, démêler
les homonymies entre père et fils, parrain et filleul...
15 janvier 1582, Pierre Mainberte épouse
Agnès Guéroult.
9 juillet 1584, au Mesnil, Pierre Mainberte
épouse Marion Turquet, fille de Robin.
1588, l'escorte de l'abbé commendataire,
Charles de Bourbon, sème la contagion dans la
péninsule. 1.200 morts! D'octobre 1591 jusqu'en avril 1592,
les troupes du Béarnais multipliant les incursions en pays
de Caux, une cohorte de gens fuyant leur campagne
désolée trouva refuge à l'abbaye.

25 janvier 1593,
Perrine Mainberte épouse Pierre Bourg. Les guerres de
religion vont prendre fin. Époque où l'on cuit du
pain trois fois par jour pour sustenter moines et pauvres. L'abbaye
héberge un peuple "presque infini." Les religieux, eux, sont
moins de trente.
Et le XVIe siècle s'achève, marqué par
un développement considérable du port de
Jumièges, une réforme à l'abbaye, la
restauration en style renaissance du cloître et du
chœur de l'église paroissiale.