Laurent Quevilly
Certains ont laissé leur portrait, d'autres attendent encore le leur. Voici la galerie des maires de Jumièges qui n'en finira jamais. A leurs descendants de la compléter.

1) Pierre Antoire Modeste Varanguien, fils de l'écuyer Antoine Varanguien et de Marie-Madeleine Jollivet, notaire de Saint-Georges à la résidence de Jumièges depuis 1777. Cette année-là, il épousait Marie Anne Françoise Carnion à Bazomesnil. Pierre Antoine Modeste Varanguien eut un fils, Antoine, le 15 septembre 1785. Les parrains de l'enfant furent Louis Joseph Maret, écuyer, seigneur du Jallet, cavalier du roy et Marie-Anne-Rose Filocque, épouse de Pierre Philbert Levillain, propriétaire de Jumièges. 
Le 2 février 1790, c'est son premier mandat. Le procureur de la commune est M. Le Villain. Les officiers municipaux sont alors Laurent Dossier, Philippe-Augustin Philippe, Jean-Baptiste Hue, Jean-Jacques Hue, Jean-Baptiste Formant, Pierre-François Amand, Pierre Duquesne, Valentin Cabut.
Nicolas David Foutrel, l'ancien organiste de l'abbaye, fut le greffier de la municipalité. Varanguien fut secondé par Michel-François Dinaumare, ancien receveur de l'abbaye, proche du notaire dont il prenait le fils pour l'accompagner dans ses voyages d'affaires. Dinaumare sera le dirigeant du canton en 1796. Alors que le nouveau régime se durcit, Varanguien est évincé en septembre 92.


2) Pierre François Martin Amand, septembre 1792, laboureur. Epoux de Marie-Madeline Danger, il habitait le hameau du Conihout. Bedonnant, parlant du nez, Amand appelait les Jumiégeois "mon peuple". On lui doit cette fameuse répartie alors qu'on lui demandait de lire les derniers décrets de l'assemblée nationale : "excusez-moi, je les ai oubliés dans ma culotte de tous les jours..." Foutrel remplissait en fait les fonctions de maire à la place de ce personnage peu instruit. Après son remplacement par la réaction thermidorienne, il se retira dans une ferme du Mesnil où il est décédé en 1802.


3) Pierre Antoine Modeste Varanguien, la chute de Robespierre suscite son second mandat de maire de 1795 à 1797. Il est toujours notaire. Il aura pour adjoint Desaulty, ancien moine revenu à Jumièges en 1791. En 1796, l'un de ses fils, Pierre Modeste Frédéric, 14 ans, demande un passeport révolutionnaire. Taille : 4 pieds 6 pouces, cheveux et sourcils noirs, yeux bruns, nez gros, bouche moyenne, menton rond, front bas, visage plein.
On retrouva le corps du notaire sous les côtes du Mesnil le 25 mars 1799. Il s'était noyé par un épais brouillard. Il avait 55 ans. Son fils Frédéric eut descendance à Jumièges en s'alliant à la famille Poisson. Puis les Varanguien migrèrent dans le canton de Clères.


4) Antoine Alexandre Joseph Desaulty. Agent municipal en août 1797, démissionne le 2 avril 1798. Alors qu'il était cellérier de l'abbaye, il avait été envoyé en disgrâce à l'abbaye de Caen pour avoir regardé de trop près la plus belle fille du pays, Mlle Dinaumare. De retour à Jumièges, il brigua un premier mandat électif et sera deux fois maire... 


5) Nicolas David Foutrel 24 avril 1798 - 9 juin 1800. Ancien organiste de l'abbaye, l'un des musiciens les plus brillants de la région de Rouen, il fut aussi vice-président de l'administration cantonale. Il eut Desaulty pour adjoint. Fils de David Foutrel et Angélique Tamy, il épousa à 45 ans, Thérèse Nobert, elle-même fille de feu Jean-Baptiste et Elisabeth Ouin.  


6) Jean-Jacques Hue de Rome, propriétaire, 9 juin 1800-18 août 1804. Né en 1753 de Jean-Baptiste Hue et Marie-Françoise Bourdon, veuf de Madeleine Dubuc, époux en secondes noces de Marie-Anne Dépouville. Il sera deux fois maire. 


7) Antoine Alexandre Joseph Desaulty, 1804-1808. Destitué, l'ancien moine mourra le 22 mai 1826 au domicile de Mlle Dinaumare, face à l'abbaye. Il aurait laissé ses mémoires après lui. Emile Savalle, historien local, les a eues entre les mains. On aimerait les retrouver.


8) Jean-Jacques Hue de Rome. 12 juin 1808 - 1814. Suspendu, sans successeur, il devait décéder début 1814 : "A comparu Jean François Hue 58 ans, frère du défunt de Jumièges et Jean Victor 26 ans fils du défunt, domicilié à Jumièges, hameau d'heurteauville qui ont déclaré que Jean-Jacques Hue, 60 ans, propriétaire et maire de Jumièges est mort." 


9) Jean-Victor Hue de Rome. Fils du précédent, directeur de la harelle d'Heurteauville. (4 juillet 1814-1824) 


10) Charles Lesain(1824-1830), cultivateur, neveu du maire d'Yainville. Il était 1er adjoint depuis 1816. Suspendu du poste de maire en 1830, il sera nommé à Yainville et contraint à la démission en 1843 après s'être opposé à la réouverture de l'église. 


11) Nicolas-Casimir Caumont, Négociant rouennais, franc maçon, propriétaire de l'abbaye depuis 1826. On le voit représenté ici en costume de cavalier alors qu'il avait 36 ans. C'est le plus ancien maire dont nous possédions le portrait.  Il fut nommé une première fois le 14 octobre 1830 et eut d'abord le notaire, Frédéric Leboucher, pour premier adjoint. Ce poste est occupé en 1835 par Honoré Dossier. De nouveau tenté par une carrière politique à Rouen, Caumont et son adjoint démissionnent en 1837. Pierre Dupont, 2e adjoint, section d'Heurteauville, assure alors les fonctions de maire à titre provisoire.  


12) François Boutard de la Grange, 1837. Nommé après la démission de Caumont. Ses adversaires lui reprochent d'être illettré. Bouttard s'opposa aux prétentions des Heurteauvillais à vouloir s'ériger en section communale. Il fut nommé encore en 1841 mais mourut en fonction le 15 mai. 


13) Simon Cabut Né le 9 avril 1898 à Jumièges de Simon et et Marie-Madeleine Landrin, il s'est marié à Anneville en 1832 avec Marie-Thérèse Hulin. Son premier mandat va de 1841 à 1843. Adjoint de Boutard, il lui succéda à sa mort. En 1841, il fit couler quatre navires au bout de la rue des îles pour combler l'érosion des rives de la Seine. Cabut est un fervent républicain. 


14) Jean Baptiste Chantin. Né le 27 avril  1791 à Jumièges, fils de Pierre Nicolas, laboureur, et Marie-Rose Mustel. Marié à Jumièges en 1838 avec Caroline Aspasie Bocquet. Son mandat va de 1843 à 1846. Après lui, Pierre Dupont, toujours 2e adjoint en charge d'Heurteauville assure l'intérim de maire, secondé par Jacques-Augustin Philippe, jardinier et concierge de l'abbaye, père du boulanger et de l'instituteur. Chantin resta adjoint et fut révoqué pour ses opinions monarchistes en 1848. 


15) Casimir Caumont, (1er novembre 1846 - mars 1848). Second mandat... Il eut pour adjoint Lhonorey qui, en 1850, sera traîné aux Assises pour délit d'opinion. Né en 1819 à Déville-lès-Rouen, ce jeune Républicain vient d'épouser, à Jumièges, Adèle Désirée Boutard .Caumont le défendra. Pour l'heure, la Révolution de 1848 met un terme au nouveau mandat du propriétaire de l'abbaye.


16) Pierre-Victor Condor, né à Hauville en 1812, médecin, fils d'instituteur, il avait épousé Célestine Berries, fille d'un chirurgien de Jumièges. Maire provisoire après la Révolution, du 20 mars 1848 jusqu'au 6 novembre 1848, il a pour adjoints un curieux attelage : Chantin le monarchiste et Lhonorey le républicain. Le conseil est composé de Goubert (terrassin), Jean-Baptiste-Prosper Chrétien, Lefebvre (cordonnier), Barbey (boucher), Bicheray (notaire), Narcisse Danger, Maillet, Delamare (rentier), Tabouret (serrurier), Jean-Pierre Deconihout (pêcheur) et Honoré Dossier (rentier).  Après une fronde menée par les garde nationaux, dont Simon Cabut, Chantin est destitué de son poste d'adjoint au profit du sieur Beauvet qui, bientôt, sera maire. 
Après sa mise sur la touche, Condor sera cité comme témoin à décharge dans le procès des séditieux de Jumièges en 1850. Il est recensé en 1851 à l'entrée de la rue Mainberte. avec sa femme et ses trois enfants : Marie, Charles et Augustine.

Il est mort le 27 juillet 1862 à l'âge de 50 ans. Son père résidait alors à Jumièges et il avait pour ami Charles Gruley, l'instituteur.      



 

(17) Jean Pierre Valentin Beauvet, né à Jumièges en 1791 d'une vieille famille d'agriculteurs, notaire à Torcy-le-Grand puis à La Bouille, il était marié avec Cécile Malot, la demi-sœur d'Hector Malot. Fils de conseiller municipal, son mandat de maire va théoriquement du 12 novembre 1848 au 16 décembre 1851. Théoriquement car il y eut une période d'interruption. Dès 1845, sa présence au sein du conseil de Jumièges a fait l'objet de plusieurs contestations au motif qu'il possédait une résidence à La Bouille considérée comme son lieu principal d'habitation. C'est ainsi que, début 1849, Jumièges comptera deux maires par intérim. Valentin Lambert et Simon Cabut alors que Beauvet est suspendu. Il ne sera définitivement maire que le 18 mars 49 avec comme adjoints les dévouées Cabut et Sabatier. Le conseil est composé des sieurs Lambert, Euzé, Le Picard, Sever Boutard, Léon Boutard, Mallet, Fauvel, Pierre Vauquelin, Valentin Vauquelin et Saint-André.

Beauvet sera de nouveau suspendu après le coup d'Etat de Louis Napoléon. Il mourra à Jumièges en 1862.


18) Nicolas-Casimir Caumont, troisième et dernier mandat du 16 décembre 1851 au mois d'avril 1852 pour le propriétaire de l'abbaye qui meurt en fonction sans héritier, ayant perdu son fils. L'abbaye est affermée par son frère à un particulier, à charge de l'entretenir puis elle est vendue à Aimé Lepel-Cointet, agent de change à Paris.


19) Michel Lepicard (1852-1856). On lui doit la création du corps des pompiers de Jumièges. En 1854, il avait pour premier adjoint Jean-Baptiste Chantin, ancien maire, qui mourut le 2 avril.


20) Achille Désiré Poullain, dit Granchamp (1856-1860). Poullain était né le 6 octobre 1821 à Caudebec. Il était associé à son beau-frère, le père de Maurice Leblanc. Tous deux étaient versés à Rouen dans l’armement et le commerce de charbon. C'est le premier mandat de ce Républicain, un temps conseiller général.  


21) Aimé Lepel-Cointet, Agent de change né le 19 juin 1796 à Paris XVIe, grand collectionneur d'œuvres d'art, propriétaire de l'abbaye, il acheta les ruines en découvrant une affiche sur les murs de Rouen. Son mandat va de 1860 à 1871.

Marié avec Louise Esther Lettu, il est décédé le 19 juin 1872 à Jumièges et repose au Père Lachaise. 

Sa belle-fille, "Mme Eric", sera la propriétaire des ruines jusqu'à sa mort en 1931. 


22) Jean Lanata. Elu le 3 août 1871. C'est le maire le plus étonnant de Jumièges. Il était en effet Italien. Né à Gênes en 1810, marin à Jumièges, il fut naturalisé français en 1841. Il avait épousé en 1839 Hortense Eugénie Deconihout dont il eut une fille. Jean Lanata est mort en fonction le 22 septembre 1872. 



23)
Simon Cabut. Second mandat le 24 octobre 1872, il décède rue des Iles le 23 mars 1873 à 75 ans après cinq mois d'exercice. Sever Boutard était son adjoint. Son fils lui succède.



 24)
Ernest Cabut . Fils du précédent, né en 1838 à Jumièges, son mandat va de 1873 à 1876. Elu maire à 36 ans. Sever Boutard demeure adjoint puis le sieur Poisson. Maurice Leblanc évoquera la personnalité de ce paysan, grand buveur et grand coureur, à qui les enfants lançaient :  "Qu'a bu, boira." Et il répondait: "Mon fi, t'as dit vrai, Cabut boira jusqu'à pu soëf !"


25)
 Eugène Chrétien. Elu le 8 octobre 1876 avec Poisson pour adjoint. Sous son mandat, l'abbé Houlière entendait réprimer les abus des confréries de charité.
Chrétien signa son dernier acte le 26 juin 1880. En fin de mandat, son adjoint, Jérémie Philippe, remplissait les fonctions de maire.




26)
Jérémie Philippe, 23 janvier 1881-14 mai 1884. Cultivateur, fils de l'ancien jardinier de l'abbaye et frère de l'instituteur décédé à 29 ans. Marié à Marie Célina Lambert, il est mort en fonction.
Son adjoint, Hyacinthe Paumier, assura l'intérim quatre jours. Né 
à Saint-Philibert-sur-Risle en 1826, fils d'institeur, Paumier exerçait déjà cette fonction à Routot quand, à 21 ans, il vint épouser en 1847 Clémence Boullard, la fille des épiciers de Jumièges. C'est Lhonorey, l'adjoint socialisant, qui scella cette union. A la retraite, Paumier revint au pays de son épouse. Sa maison était proche de celle des Grandchamp. Maurice Leblanc y admira "le rocher qu'il édifiait patiemment dans son jardin avec des cailloux de toutes sortes recueillis au cours de nos promenades."


27)
Achille-Désiré Poullain-Granchamp, 18 mai 1884-10 août 1890, date de son décès. Depuis 1877, il était autorisé à ajouter Grandchamp à son patronyme. En 1878, ses états de service sont les suivants : membre du conseil d'arrondissement pour le canton de Duclair, conseiller municipal de Jumièges, délégué cantonal, Officier d'Académie, propriétaire de cinq navires à vapeur qui font un service régulier entre l'Angleterre et la France, créateur à Dieppe d'un service de grues à vapeur pour le chargement et le déchargement des navires, organisateur de l'exposition des ports de commerce. Pour services rendus à la marine et l'industrie des transports, on le fait chevalier de la Légion d'Honneur le 20 octobre 1878. En 1880, il a battu Charles Darcel, le maire de Berville-sur-Seine, dans la course au conseil général avec une étiquette d'homme de gauche. Dès sa prise de fonction à la mairie, en 1884, il a Sever Boutard pour adjoint. Son mandat de conseiller général prend fin en 1886.  Il meurt dans ses fonctions de maire sans descendance.

28) Sever Boutard, né le 6 octobre 1830 ayant Augustin comme second prénom. Ses parents, Aimable Sever Boutard et Marthe Ouin, s'étaient unis l'année précédente. Cette branche Boutard descend de Valentin, époux de Marie Fouquet, attesté en 1653.
Sever Boutard sera marié  le 12 octobre 1861 au Mesnil avec Aglaée Fortunée Pulchérie Goubert dont il aura deux enfants : Augustine Herminie  et Sever Jérémie qui sera lui aussi maire. Fils de conseiller municipal, adjoint d'Ernest Cabut puis de Grandcamp, il devint maire à 60 ans suite au décès de ce dernier. Son élection eut lieu le dimanche
10 août 1890 par onze voix contre douze. Ancien maire du Trait, Léon de la Metterie fut élu adjoint par dix voix sur douze. 
Le 22 mai 1896, il fut
fait chevalier du Mérite agricole par Félix Faure, président de la République. Il fut élevé par la suite officier. Le mandat de maire de Sever Boutard ira juqu'au 18 août 1907. Démissionnaire, il restera cependant conseille municipal. Il écrivit ses mémoires de jeunesse en 1909 à la demande de l'instituteur du village, Parfait Paôn. Il décéda au Mesnil le 12 février 1922. 



29)
Jules Lefebvre, 18 août 1907-17 mai 1908. Suite à la démission de Sever Boutard, ce fut Léon Delametterie qui fut élu maire. Mais celui-ci ne crut pas devoir accepter. Un second tour donna cinq voix à Jules Lefèbvre contre deux à M. Gruley.
Né à Jumièges en 1859, agriculteur au Sablon, Lefebvre a épousé en 1886 Marie-Joséphine Leroux. On le retrouvera durant la guerre de 14 quand ses deux fils, Léon et Pierre furent mobilisés...*



30) Prosper Péchard, né en 1846 à Frene, dans l'Orne, notaire de Jumièges depuis 1875, marié l'année suivante à Malaunay avec Marie Léonide Peschard, il est élu le 17 mai 1908. Assassiné le 14 juillet 1910 par un conseiller municipal, Jules Martin, qui mourra au bagne.


 Lire notre dossier.
  





31) Léon
Delametterie, élu par dix voix sur onze votants, son court mandat ira du 16 août 1910 au 13 mars 1911. Né à Jumièges en 1844, il présidait en 1910 la Société d'Assurances mutuelles de Jumièges contre la mortalité du bétail, secondé dans cette tache par Boutard fils et Edouard Monguérard.
Léon Delametterie est mort en fontion. Deux sièges furent alors à pourvoir lors d'une élection partielle. Raoul Neveu, commerçant, fut élu conseiller dès le premier tour. Il y eut ballotage entre MM. Vauquelin, Albert Deconihout et Charles Bien.


32)
Jules Lefebvre, réélu le 13 mars 1911, c'est le maire de la Grande guerre ! Il allait de ferme en ferme rédiger le courrier des épouses dont le mari était au front. En août 1914, la première dépêche préfectorale annonçant  la mort d'un Poilu lui apprit que son fils aîné, Léon Lefebvre, était tombé en Belgique. Il ira 41 fois apporter de tristes nouvelles aux familles et l'on redoutait sa venue à la maison.
Après l'Armistice, Jules Lefebvre, radical-socialiste, fut emporté par le ras-de-marée du bloc des Droites et l'ingratitude de ses concitoyens.
Son mandat est invalidé en février 1919 comme en témoigne cette délibération :
L'an 1920, le samedi 28 février, à 17h, le conseil municipal s'est réuni à la mairie pour la cession de février, sous la présidence de M. Lefebvre Jules, maire. 

Présents: MM Lefevre, Deconihoult, Maugerard,  Duparc A., Boutard, Glatigny,  Lamy, Quesne, Grain,  Duparc Louis, Gossey, Renault. M. Renault a été élu secrétaire.
En marge du registre. "Protestation contre l'exercice de la fonction de maire par M Jules Lefebvre." En pleine page: "Le conseil, considérant que l'élection de M. Jules Lefevre comme maire a été invalidée, l'adjoint dispose du pouvoir administratif et que seul il est qualifié pour présider la session de février..."
 

Quand prend fin officiellement le mandat de Jules Lefebvre ? Le 10 décembre 1919 ? Le 28 février 1920 ? 

Pour venger son honneur, Joseph Lefebvre, son petit-fils, remporta plus tard la mairie du Mesnil. 


33)
Sever Boutard, né le 11 juin 1866 à Jumièges, il a Jérémie pour second prénom. Cultivateur au Sablon, marié à Berville en 1891 à Julia Pigache, il devient maire le 14 mars 1920, suite à l'invalidation de Jules Lefebvre et sera réélu à la régulière le 16 mai 1925 puis le 18 mai 1929.
Mort en exercice, officier du Mérite agricole et délégué cantonal, son troisième mandat s'achève en avril 1933. Son père avait été maire, le truculent Sever Boutard.
Sever Jérémie eut un fils, Pierre Jérémie, engagé dans la guerre de 14, prisonnier et qui a laissé un petit journal de campagne. Un autre, Georges, qui sera maire à son tour. Un troisième, Jules, marié à Jumièges en 1920 avec Anatolie Hulin.




34) Guillaume Quesne, Né à Anneville en 1884, il fut cultivateur à Berville et arboriculteur distingué à Jumièges, au Passage. Ancien de 14-18, il fut cité :  "Bon conducteur résolu et d'un grand sang-froid. Le 2 avril 1917, malgré un très violent bombardement ennemi, est allé retirer d'un canal les conducteurs et chevaux qui étaient tombés en traversant de nuit une passerelle sans garde-fous".
Son mandat va du 25 mai 1933 à 1940. Il fut réélu dès le premier tour en mai 1935 avec le plus grand nombre de suffrages devant Gaston Cadinot, Albert Deconihout, Guillemet, Pécot, Duparc, Ernest Cadinot... Il est décédé en 1958.


35) Charles Guillemot-Treffainguy, né en 1904 à Versailles d'une vieille famille aristrocratique bretonne, époux d'Annie Segond, il eut au moins trois enfants tous nés à Jumièges à partir de 1931. Deux bonnes étaient au service de la famille en 1936 : Marie-Louise Chambry et Marguerite Avenel. Le mandat de Charles Guillemot-Treffainguy va de 1940 au 13 mars 1945. « Il était à l'époque notaire puis, après la guerre, greffier en chef du Tribunal d'Yvetot et enfin Procureur de la République. Il s'est illustré dans la résistance avec mon grand-oncle, qui était huissier de justice. »
Communication de Pascal Guillemot-Treffaingny.



(36) Estor Cadinot Né au Mesnil en 1888, cultivateur, il fut cité durant la guerre de 14 pour avoir assuré la liaison avec son commandant de compagnie malgré de violents bombardements. Intoxiqué en 1918, il fut vice-président des anciens combattants dans les années 30. Son mandat va du 13 mars au 19 mai 1945. Le plus court de l'histoire de Jumièges : trois mois !



(37) Georges Boutard Né le 23 août 1899, fils de Jérémie Boutard (33e maire de Jumièges), il sera le fondateur de l'Etoile sportive en 1937 et le stade de Jumièges porte aujourd'hui son nom. L'homme à l'éternel chapeau fut élu le 19 mai 1945. Premier tour : MM. Boutard Georges, 330 voix; Canu André, 264; Mme Guillemot-Treffainguy, 244; Callais Alphonse, 242; Cadinot Estor, 234; Quesne Guillaume, 224.
Deuxième tour ; MM. Huet Georges, 238 voix; Gruley Charles, 229; Duparc Aimable, 227; Lefebvre Henri, 222; Deshayes Fernand, 220; Huet Emile, 212.

Réélu le 31 octobre 1947, son mandat prit fin le 7 mai 1953 mais il demeura au sein du conseil municipal.
Chaque 14 juillet, il avait pour tradition de hisser à sa fenêtre un drapeau hérité de la période révolutionnaire et conservé dans la famille. Georges Boutard est décédé le 25 mai 1983.
 


38)  Henri Lefrançois
Il était né à Duclair en 1884. Mobilisé le 2 août 14, il fut fait prisonnier à Maubeuge en septembre et fut interné dans différents camps. Ne fut rapatrié en France qu'en décembre 1918. Démobilisé en mars 19 du 11e régiment d'artillerie de campagne. Son court mandat va du 7 mai 1953 au 11 juin 1954, date de son décès.


39)
Alphonse Callais, Né à Yainville en 1897 d'un père vannier et d'une mère journalière, Marie-Josephine Mainberte. Ancien de la guerre de 14, il fut cité à l'ordre de son bataillon cycliste. Croix de guerre, il fut le dernier Poilu de la commune. La tradiction veut qu'il soit allé chaque année sur la tombe d'un Allemand qu'il avait tué au combat. Son mandat va du 11 juin 1954 au 26 mars 1977. Une rue de Jumièges porte son nom.






40)
André Fessard, issu d'une famille d'Yainville qui a donné à cette commune son dernier maire paysan, Auguste Fessard, de 1926 à 1929.
A Jumièges, le mandat d'André Fessard va quant à lui du 26 mars 1977 au 19 mars 1983.
Une rue porte son nom.






41) Roland Maillet, Roland Maillet fut principal du collège de Gournay-en-Bray et de Caudebec-en-Caux. Palmes académiques, délégué de l'Education nationale. Ancien combattant il était aussi officier de réserve. Il fut trésorier du Parti Socialiste de Seine-Maritime et proche de Laurent Fabius. Il fut candidat suppléant de Roger Provost aux législatives de 1878. Il animait alors la section socialiste de Jumièges-Yainville. Son mandat va du 19 mars 1983 au 23 juin 1995 après qu'il ait apporté son parrainage à la candidature de Lionel Jospin. Décédé en janvier 2004. La salle des fêtes porte son nom.



42) Jean-René Le Ru, 23 juin 1995-2001. Né à Plouguerneau en 1947, formé à Paris comme ingénieur de travaux publics, il a exercé en Basse-Normandie, Bretagne, Champagne-Ardennes et Haute-Normandie à partir de 1992 quand il s'installe à Jumièges. Sous son mandat, de nombreux bâtiments communaux sont réhabilités: mairie, maison Grandchamps, appartement des Sablons. Il a acquis le parc Foubert et réhabilité l'espace devant l'abbaye. A son actif encore un programme de stations d'épuration dans la boucle de Jumièges. Il organisa le rassemblement national du tourisme équestre, Equirando, en 1997 avec plus de mille cavaliers et attelages dans l'enceinte de l'abbaye.



43) Joëlle Lambert, épouse Tétard, née à Jumièges le 7 février 1942. elle était l'âinée d'une fratrie de quatre enfants. Ancienne directrice de l’école primaire, son mandat va de 2001 à 2008. La première femme maire fit son entrée dans la maison commune sous étiquette divers gauche. Aux élections de 2008, elle est réélue dès le premier tour en compagnie d'Anne Deshayes. 17 sièges restaient donc à pourvoir au second tour et une majorité se dégagea autour de la personnalité de Jean Dupont. Joëlle Tétard-Lambert perdait ainsi son écharpe de maire mais devait encore sièger comme conseillère d'opposition. Sous son mandat, l'histoire locale fut mise à l'honneur par Gisèle Vestu. On lui doit aussi la première bibliothèque de Jumièges. Elle est décédée le 24 mars 2025.



44) Jean Dupont, né en 1948, chef d'entreprise, réalisateur d'un film, en 1990, pour Thalassa, élu en 2008. Réélu en mai 2014 sans opposition dès le premier tour de scrutin avec un liste divers droite de 19 candidats. Il avait obtenu 528 voix mais on avait compté 222 bulletins blancs et nuls. Les adjoints nommés en début de mandat : Bruno Duval, Anne-Sophie Lecointre-Savary, Jean-Luc Chauveau, Christèle Vincent et José Vatey. Jean Dupont était lui aussi féru d'histoire locale et nous fit appel pour le bulletin municipal. Ce dont nous le remercions.



45) Julien Delalandre, descendant direct de trois maires de Jumièges et d'un conseiller municipal né en 1802 ! Au début de l'épidémie du Coronavirus, en 2020, sa liste s'imposa par un score sans appel sur celle de Jean Dupont dont il avait été le colistier : 65,47% contre 34,53, ne laissant que trois sièges à l'équipe du maire sortant. L'installation du nouveau conseil tarda pour raisons sanitaires.




Laurent QUEVILLY.

(A suivre*)

*Ah ça, toujours !...




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